Taking picture of you :

Insane. Mot pouvant être largement utilisé pour me décrire. Mon esprit est fait de multiples couloirs sinueux et entrecroisés, un véritable labyrinthe des horreurs et autres merveilles qui peuplent mon monde. Essayez de vous y plonger quelques secondes, profondément, avec passion, ne faites plus les choses à moitié, pas avec moi. Mais je me dois de vous prévenir avant, n’essayez jamais d’en sortir indemne, c’est impossible. Insane, vous serez. Rassurez-vous, pauvres naïfs, mon esprit n’est pas aussi accessible que ça et personne n’y accédera jamais. Mes pensées, mes envies, mes besoins sont scellés ici, protégés par une barrière d’impassibilité.
◮ Paris est insaisissable ◮ il est légèrement prétentieux ◮ il n’a pas la mentalité d’un squatteur ◮ ou plutôt, pas la mentalité d’un pauvre ◮ il a toujours vécu dans le luxe ◮ il s’est fait jeter de chez lui avec sa sœur ◮ personne ne sait pourquoi ◮ personne ne veut savoir, en fait ◮ il se fou d’a peu près tout ◮ presque tout ◮ même si ça le fait chier, il essaie de travailler pour gagner un peu de fric ◮ personne ne peut jamais être sur de le comprendre ◮ il change d’avis comme de chemise ◮ c’est un musicien talentueux, autant au piano qu’a la guitare ◮

The pursuit of happiness :

Ce matin lorsque je me suis levé et que j’ai entrouvert les rideaux, le soleil brillait. Il était déjà plus de onze heures à vrai dire et selon ma mère j’avais encore perdu une journée, une occasion de vivre, j’imagine. Mais elle avait tout faux, je ne vivais pas le matin car je le faisais le soir, jusque tard, avant d’aller finalement dormir peu avant le levé du soleil. Cette après-midi, vers quatre heures, la pluie a commencé à tomber, de larges gouttes se sont mises à dessiner le sol de milliers de points foncés, de plus en plus, de plus en plus vite. La petite cavité dans le sol de la cour se remplit rapidement également, j’avais le nez collé à la vitre et j’admirais le ballet de la pluie sur le sol avant se sentir ses doigts dans mon dos, je me retourne face à elle, sans un mot je la regarde. Sans un mot elle me comprend, tout comme je la comprends. Je m’approche doucement de cette femme insaisissable, passe ma main sous sa chevelure, dans sa nuque, doucement, je m’approche encore et pose un baiser brulant sur sa joue, au coin de ses lèvres. Brulant d’en vouloir plus, toujours plus.

On a finis par partir, pas de notre plein gré non mais je pense que c’est mieux comme ça. De chez nous, on est partis, parce qu’ils ne comprenaient pas. Qui ? Nos parents, bien sur. Ils ne nous comprenaient pas parce qu’ils n’avaient jamais vécu ça, bien sur, comment l’auraient-ils pu ? Nous n’avions plus rien si ce n’est un bagage chacun remplis de futilités. Des clopes, des partitions, des vêtements et de l’agent, tout ce que j’avais pu prendre, tout ce que j’avais pu leur voler avant de partir. Un dernier coup d’œil en arrière, elle n’y faisait pas attention de toute manière, cet instant de faiblesse resterait à jamais le mien. Pour elle, je me devais d’être fort, ne pas flancher, jamais. Pourtant c’était la seule qui savait que j’en étais capable et la seule qui ne me jugerait pas. Finalement je m’approchai d’elle et lui fit un signe de me tête pour me suivre. On allait partir d’ici, de ce pays, destination ailleurs.

Comment et pourquoi nous sommes arrivés là n’a aucune importance. Seuls importent les faits, fait numéro un : nous étions là. Fait numéro deux : je n’avais quasiment plus un sous pour nous faire vivre. Les faits ont toujours des conséquences plus ou moins désastreuses sur la vie, sur notre vie puisqu’il est totalement hors de question de dissocier ma vie de la sienne. La conséquence du fait numéro deux fut tout simplement le fait numéro un, numéro un de manière précise si vous voulez. Nous avions trouvé un squat à St Petersbourg, un truc pourri, complètement minable comparé au luxe qui composait nos vies autrefois mais nous n’avions guère le choix alors nous y sommes entrés et nous avons été accueillis comme aucun membres de notre famille ne l’aurait jamais fais. C’était en haut qu’il fallait dormir, je poussai la porte d’une chambre vide et n’y trouvai rien d’autre qu’un matelas jaunis par le temps. Je lâchai les valises sur le sol, sans prévenir et traversai la pièce en quelques longues enjambées. A nouveau je me retrouvais devant une fenêtre, il ne pleuvait pas dehors, il neigeait. Changement de pays, changement de climat. J’observais doucement les flocons tomber un à un sur le sol gelé de St Petersbourg. J’avais appris le russe à l’école mais n’avais jamais été particulièrement assidu dans cette matière, comme dans les autres d’ailleurs. Le russe, pour quoi faire me disais-je ? Je posai mes deux mains sur l’appui de fenêtre, le temps de faire le point sur la situation. Nous étions deux, nous étions sans le sous et en Russie. Mais j’allais trouver une solution, car il était hors de question que je la vois dépérir en même temps que moi. Moi plutôt quelle. Je me tournai finalement vers la jeune femme toujours présente et m’approchai doucement d’elle, je lui pris la main, l’attira vers moi, passai mon autre bras autour de ses épaules, lui promettant doucement, dans un souffle, que j’allais finir par trouver une solution.