The first part of my life is so far away now...

La jeunesse... Jusqu'à l'âge de 15 ans, Poppy a vécu un rêve les yeux ouverts. Certes, il y a eu le déménagement lorsqu'elle eu 8 ans mais elle a vécut entourée d'une mère et d'un père aimant.

Londres, 2001.
"POPPY ?" Katherina, la mère de Poppy, était dans l’entrebâillement de la porte de leur maison de vacances, cherchant désespérément sa fille chérie des yeux. Elle savait que cette dernière avait le don pour disparaitre quant elle voulait et ne réapparaître seulement lorsque bon lui semblait. C'est d'ailleurs elle qui arrivait en courant du bord de l'étang, en souriant, petite gamine de 8 ans. Qu'elle était mignonne avec ses grandes boucles brunes et son regard d'azur, elle faisait la fierté de sa mère, qui se sentait soulagée que sa fille ne remarque point à quel point elle ne lui ressemblait que peu et encore mois à celui qui était censé être son père. "Ah, te voilà ma chérie ! Tu sais, il faut que je te parle, je t'avais dis que nous allions partir. Et bien ça y est ! Nous partons dans quelques jours pour Saint-Pétersbourg en Russie, Papa a trouvé un très bon travail là-bas tu sais ! Nous allons être heureux tout les trois !" L'enthousiasme débordant de Katherina n'était pas conducteur, la petite fille n'avait pas envie de partir, pas envie de quitter l'Angleterre pour la Russie, mais pour faire plaisir à sa mère, elle sourit et hocha la tête avant de monter pleurer dans sa chambre, en cachette. Cela avait toujours fonctionné ainsi, Poppy ne pleurait presque jamais devant sa mère, préférant s'isoler, cacher ses peines de la vue des autres.

...

Il fallut quelques mois d'adaptation à la fillette pour aimer la ville et la Russie, puis lorsqu'elle commença à parler couramment le russe, les choses s'arrangèrent et elle devint heureuse de vivre ici. Poppy était assez populaire parmi les autres enfants, grâce à son accent peut-être ? ou à ses petits problèmes de vocabulaire par moment ? ou encore grâce à sa gentillesse ? Peu importe, elle s'était fait aisément des amis qui s'amusait à la taquiner lorsqu'elle crevait de froid alors que les températures n'était pas descendues à leur maximum, sur sa nullité en matière de patin à glace ou de ski, de sport d'hiver entre autres... Dans ses amis, il y avait une fille qui s'en détachait, qui était la plus proche de la jeune fille. Elle s'appelait Lynn et elle fut la première à connaître des choses sur Poppy que personne n'avait su auparavant car elle avait gagné l'entière confiance de la demoiselle.

Saint-Pétersbourg, 2004.
Des rires, des bruits de pas qui s'empressent, qui courent, il fait brulant dehors et les deux jeunes filles qui se tiennent affectueusement par la main sont en robes légères. Elles s'arrêtent devant le panneau d'affichage posté devant le collège qui sera bientôt le leur. Après un regard complice entre elles, les recherches commencent. Campbell et Tallis. Il fallait qu'elles soient ensemble, ce n'était pas possible autrement hein ? "Poppy, je ne trouve pas nos noms sur la colonne de gauche, tu vois quelque chose toi ?" Poppy ne répond pas, elle pose le doigt sur la feuille, désignant son nom de famille et de l'autre main, elle montre celui de son amie "Je suis désolée Lynn, on est pas ensemble... Je suis en 2 et tu es en 4... J'espère qu'on se verra tout de même hein ?" Poppy lui sourit, gentille mais Lynn se rembrunit, vexée et triste, avant de s'en aller, rentrer chez elle, sans un mot pour sa meilleure amie. Elle encaisse alors, toute seule près du panneau, regardant l'autre partir en boudant. Tant pis, tout ira mieux demain... La jeune fille se relève et part de son côté, blessée de la réaction si impulsive et décalée de Lynn. C'était la première fissure de leur amitié et sûrement pas la dernière. Tout s'annonçait déjà bien compliqué pour notre protagoniste...

When she was just girl, she expected the world...

Les années collèges, pas encore assez grand pour faire la fête comme il faut, mais assez pour ranger dans le grenier les jeux et livres de l'enfance. Vous vous sentez grandit, comme si il s'était passé 10 ans entre la primaire et le collège car les enjeux ne sont plus les mêmes.

La rentrée en 6e, c'est toujours la plus dure. Parce que l'on vous juge dès que vous mettez un pas, un seul, dans l'enceinte du collège. C'est ainsi, chacun jauge l'autre et se compare à lui. Et Poppy en fit les frais, tout d'abord à cause de son prénom, qui provoqua l'hilarité de chacun. Elle garda la tête haute, souriant difficilement, malgré le fait qu'elle soit blessée par la mesquinerie de ses camarades...

...

DRIING DRIING. La sonnerie retentit, tout les enfants impatients commencent à ranger leur affaires, malgré les réprimandes et les ordres de silence de leur professeur agacée. Tous se bousculent pour sortir sauf Poppy, elle attend calmement derrière les autres que tout le monde sois sorti pour y aller. Elle est comme ça, elle est patiente et calme. Dans la cour, elle retrouve alors sa chère Lynn, avec qui elle passe tout son temps libre, après une réconciliation au début de l'année. Poppy court vers elle, un franc sourire aux lèvres, et se pend au cou de son amie "Si tu savais Lynn, à quel point certaines personnes de ma classe ne son pas gentils ! Heureusement que tu es là hein ! Tu vas mieux ?". Lynn la regarde, lui glisse un sourire mal à l'aise et la décolle d'elle-même. Elle est nerveuse et lui dit "Poppy ! Euh, on peut se parler plus tard, je suis avec des amis là ! Une autre fois d'accord ?" La brunette ne répond plus, paralysée par les mots de sa meilleure amie. Comment pouvait-elle lui dire ça, l'humilier ainsi devant d'autres personnes ? Rouge de honte, et le sourire disparu, Poppy lui tourne le dos et s'en va, refoulant ses larmes au plus profond d'elle-même, écœurée par ce qu'elle vient d'entendre. Elle part s'isoler, se disant qu'il existe bien des personnes normales et gentille dans cet établissement. Mon dieu, où était donc passé la camaraderie enfantine de la primaire ? Heureusement pour elle, le reste de ses amis, même éparpillés dans les classes, restèrent amis avec elle, comprenant son dégout pour la nouvelle Lynn, celle qui était devenue populaire, pétasse et hautaine, méprisant ses anciens amis. Comme quoi, on accorde bien trop aisément sa confiance. Mais Poppy n'en a pas changé pour autant, elle est restée gentille et son altruisme a toujours gardé le dessus, même si elle est devenue plus forte avec le temps et qu'elle a gagné en méfiance et elle s'est aussi renfermée, se promettant que plus jamais, elle ne laisserait quelqu'un gagner sa confiance totalement et la faire parler de ses secrets, plus jamais. Mais il est bien connu qu'il ne faut jamais dire jamais n'est-ce pas ?

Saint-Pétersbourg, été 2008.
La trahison de Lynn, Poppy l'avait surmontée depuis longtemps mais ça, elle ne s'y attendait mais alors pas du tout. C'est ce qui a fait tout changer, ce qui a déréglé le fonctionnement de la jeune femme alors âgée de quinze ans. C'était un beau jour d'été, elle s'en souvient si bien...
"POPPY ? Tu peux aller chercher les dossiers pour l'hôpital ? Faut que j'y retourne tout à l'heure pour une prise de sang chérie !" D'un hochement de tête, la jeune fille monte les escaliers et se rend dans la chambre pour aller chercher les documents en question. En fouillant pour les trouver, elle tomber sur un pochette où il y a écrit au feutre noir en grosses lettres CONFIDENTIEL POPPY. Intriguée, elle fronce les sourcils et ouvre la pochette sans tarder. Ce qu'elle y découvre, ce sont de vieux documents mais tout se relie à présent. Poppy n'est pas née du fruit de l'amour de ses parents, elle est née d'une mère porteuse et d'un inconnu X car son père n'était pas fertile. Choquée, elle laisse tomber les documents, mais pour une fois, elle ne pleure pas. Elle ne pense plus, elle rage intérieurement, se disant qu'elle a vécu dans le mensonge durant tant d'années. Que ce n'est pas pour gagner plus d'argent qu'ils sont partit en Russie mais pour fuir les autorité anglaises car les mères porteuses son interdites là-bas. Ses mains tremblent, elle se mord la lèvre et se relève d'un coup, reprenant les papiers et allant descendre l'escalier en ratant quelques marches, ce qui la fit tomber la tête la première et arrivée en bas avec quelques bleus et égratignures. Mais en restant silencieuse face aux appels anxieux de ses "parents", elle déboule dans le salon et pose les papiers sur les genoux de sa mère. "Alors ? Tu m'explique ou je me casse tout de suite ?" Comme Katherina ne répondait rien, la jeune fille fit demi-tour, prit les billets dans le portefeuille de son père et monta s'enfermer dans sa chambre, vite suivie par ses parents, encore sous le choc. Prenant les premières affaires qui lui tombaient sous la main, ses effets personnel, elle boucla son sac, en colère contre la Terre entière. La seule chose qui lui avait toujours paru stable et sans faille, c'était sa famille alors apprendre que non, c'était un peu comme si les montagnes les plus grandes, les plus solides, s'étaient éteintes, s'étaient détruites... Alors elle est partie. partie chercher d'autres montagnes, loin de la maison des Campbell et après avoir passé deux nuits dehors, elle a trouvé le squat et qu'autre chose, une vie nouvelle mais pas forcément plus jolie a commencé.

I read somewhere how important it is in life not necessarily to be strong but to feel strong.

été 2008, Saint-Pétersbourg. (journal de Poppy)
Il faisait au moins 45° à l'ombre dehors et impossible de mettre les pieds hors de l'ombre qui était formée par le pont. Ironie du sort, j'avais toujours vécu normalement, sans trop de fric non plus mais une vie aisée quand même, et j'avais toujours dormis sur un bon matelas, jusqu'à cette nuit où j'avais somnolé dans mon sac de couchage. Ce matin, mon dos était mal en point et mon estomac criait famine. J'arrivais tant bien que mal à me changer, cachée des regards indiscrets et partait à la recherche d'une épicerie pas trop chère pour m'acheter de quoi survivre. Cela faisait déjà deux nuits que je dormais sous ce pont et il fallait aussi que je me rende à la piscine pour pouvoir me laver car l'état de mes cheveux était catastrophique.

...

Propre, entrain de manger le maigre paquet de gâteaux que j'avais acheté, je vagabondait dans les rues de la ville, en cherchant un endroit où dormir, sachant que j'étais loin d'avoir les sous pour louer un appart, encore moins en ayant 15 piges. Je finis par me diriger vers le quartier abandonné de la ville, puisqu'il n'y aurait que là où je pourrais vivre à mon avis. La première personne que je remarquais était un jeune homme, aux environs de 18 ans, musclé et à l'allure froide. Mais je passais outre et lui demandais où se trouvais le squat exactement. Je ne me rappelle plus ce qu'il m'a dit ensuite mais le courant est passé et je suis montée en haut du HLM pour m'installer, au milieu des regards inquisiteurs des autres. J'y étais habituée tiens, parce que dès que je parlais, on me regardait avec des yeux de poisson, du genre, wouah, elle est pas russe celle-là ! Et puis les jours passèrent et les gens du squat finirent par se faire à ma présence et puis de toute façon, il y avait toujours du mouvement, des clodos qui trouvaient un appart, ou des nouveaux qui débarquaient. Zakhar était le premier que j'avais rencontré ici et le premier à qui j'avais donné ma confiance et on était devenu proche, il y avait aucune ambiguïté, juste un fort lien, une sorte de fraternité qui nous unissaient. Puis il y eu Jérémy, beau garçon, intelligent, gentil, et amoureux. Un soir d'automne, quand le soleil se couche et laisse place au froid de la nuit, il m'avait rejointe près du feu en bas. On se parlait de temps en temps, se taquinait, et ce soir là, il m'a avoué qu'il recherchait quelque chose d'autre de l'amitié avec moi et je l'ais fait patienté 4 jours avant de lui dire oui. S'en est suivie une histoire d'amour, pas comme dans les contes de fée, on s'aimait mais on savait bien qu'un jour, tout serait fini car j'avais 15 ans et lui 17. De plus, il m'avait dit qu'un jour, il retournerait dans sa famille avec moi si possible et je lui avais répondu "Non Jérémy. Je vais bosser pour y arriver, je ne veux pas que tu m'entretiennes et tu le sais." Et on a continué ainsi, laissant ce sujet en suspend.

Saint-Pétersbourg, printemps 2009.
Poppy s'était faite à la vie au squat, la douche froide, les deux seules toilettes, les affaires volées... Elle avait mis ses affaires dans une malle sous clé et personne n'avait essayé de l'ouvrir, car tout le monde savait qu'elle était l'amie de Zakhar. Et puis pour la douche, elle se rendait souvent à la piscine qui était gratuite pour les moins de 20 ans et les étudiants. Et les fringues, elle avait repéré les meilleures friperies du coin. Elle avait eu 16 ans en mars et Zakhar lui avait proposé un job, celui d'aller revendre son herbe la nuit en boite, ce que la jeune fille accepta sur le champ, heureuse d'enfin pouvoir gagner de l'argent, son argent. Jérémy sortit de ses gongs, écœuré de savoir que la jeune fille passait du côté obscur et elle, déçue d'être si peu comprise. Elle rompu et il partit pour retourner vivre dans la famille qui lui restait. Poppy n’eut plus jamais de ses nouvelles et à vrai dire, elle avait autre chose à faire qu'à lui courir après.

When I lay with you I could stay there. Close my eyes, feel you here forever. You and me together, nothing is better.

Saint-Pétersbourg, 2010.
Ce soir, Poppy ne bossait pas, elle avait le crâne en compote et n'avait pas mangé depuis 3 jours. Un peu faiblarde, Zakhar lui avait interdit d'aller travailler, alors elle s'était assise devant la cheminée et m'était enveloppée dans une couverture que je m'étais achetée pour cet hiver. Elle était chaude mais il n'y avait pas grand chose à faire contre l'hiver russe...

Spoiler:

(journal de Poppy)
Je ne savais pas ce qui m'avait pris cette nuit là, de dormir collée contre ce gamin, paumé. Surtout quand j'avais vu tout le fric qu'il m'avait laissé, je m'étais sentie conne, mais vraiment conne. Il m'avait pris pour une pute en manque d'affection ou quoi ? J'avais juste dormir près de lui, c'est tout. Je m'étais promis que si il repassait, il allait s'en prendre une, et que son fric, il pouvait se le garder ! Et puis il est repassé, lui, bien coiffé, son air de petit ange et ses beaux yeux. Bref, à peine il avait franchi la porte en bas qu'il reçut ses billets dans la tronche "Casse-toi, je suis pas une pute et ton argent, tu peux te le garder connard !" Il fronça les sourcils, étonné et s'expliqua, ce qui me permit de me calmer, me disant que c'était pas un connard finalement. "Excuse moi alors." Me mordant la lèvre, je me suis dis après coup que son argent, ça serait pas de trop en fait et que j'en aurais bien besoin... "Et... Si jamais tu n'en as pas besoin de ton fric, ça me serait utile." Un sourire maladroit et il m'a rendu l'argent en riant, alors j'ai souris franchement, mais je me sentais pas de rire, parce que je serais vraiment passée pour la dernière des cruches dans ce cas... Et puis maintenant, c'est un habitué de la maison, il vient souvent et on s'aime bien, il est cool pour un gamin et son chien, il est trop chou. On se fait tout un tas de sorties ensembles, c'est sympa. Et quand il m'emmerde je lui parle anglais mais le truc, c'est que maintenant, il parle anglais couramment parce qu'il en a en cours et qu'il a un pote qui est anglais aussi et qui ne parle pas un mot de russe parait-il... Mais bon, suffit de parler rapidement et il ne comprend plus rien. Sauf qu'après, il me fait la même en russe donc on est quitte ! ça fait du bien de voir quelqu'un de l'extérieur, quelqu'un qui n'a pas de problème pour se nourrir, qui n'a pas la trouille au ventre quand la nuit il entend les flics, et qui n'a pas besoin d'argent comme nous à tout bout de champ. En plus, il a toujours des belles fringues, un jour, je lui demanderais de me prêter un de ses sweat, parce qu'il ont l'air si chaud...