« Il existe des personnes avec qui parler est d'une facilité déconcertante. »

Il y a de moment ou, dans notre triste existence, on a ce besoin de faire le point, de faire le vide autour de soit, de prendre du recul. C'est inévitable, c'est comme un rituel.. Chacun y passera. Il y a toujours un moment ou, on se demande si on a fait le bon choix, si notre vie mérite d'être vécue. C'est vrai, notre existence n'est rythmée que par des centaines de questions qu'on se pose quotidiennement. Vais-je me marier, trouver un travail ? Ai-je bien fait de partir ? Dois-je y retourner ? Iris était un peu dans cet état d'esprit, elle avait besoin de se vider l'esprit, d'au moins essayer de comprendre ce qu'était devenue sa vie. Le pourquoi du comment elle était ce qu'elle était, Oué, compliqué. Mais, Iris n'est pas simple, plutôt du genre à se torturer l'esprit. Y a toujours quelque chose qui la fait douter, qui lui demande de tout arrêter. A chaque obstacle qu'elle rencontre c'est comme si une voix intérieure lui disait « Rentre à la maison, tu n'arriveras à rien à vivre comme ça ! » Pourtant, il n'en n'est rien, elle ne rentrerait pas chez ses parents, plus jamais. Leur rendre visite à la rigueur, mais tant qu'ils ne lui auront pas expliqué ses phobies, elle ne pourrait plus faire comme avant. Le poids du passé déchire souvent les familles et c'est le cas pour les O'Callaghan.

La neige avait envahie les rues de Saint-Pétersbourg depuis longtemps et même si d'ordinaire Iris adorait ça, à ce moment précis, cela lui pesait plus que cela ne lui faisait plaisir. Le manque de confort, surtout de chaleur au squat y était peut-être pour quelque chose. Cela-dit, la Russie était tellement plus jolie, sous cette épaisse couche de neige, qu'elle ne pouvait nier que cela la rendait quand même joyeuse. Les mains enfoncées dans le fond des poches de son manteau, la jeune femme se baladait depuis maintenant depuis plusieurs heures déjà. Elle n'avait pas de client en ce moment et elle se demandait si elle allait un jour en trouver, parce qu'à vrai dire, c'était assez décourageant. Mais, à force d'y croire, ça finirait par marcher à coup sûr. Son vieux manteau usé lui tenait bien chaud, mais elle avait le visage légèrement rougie par le froid et le vent qui venait le caresser. Ca lui faisait du bien, elle préférait ça à rester enfermé dans l'immeuble, où elle sentait à chaque minute son angoisse refaire surface. Elle flânait, ne pensant à rien et a tout en même temps. Rien de spécial. Elle s'arrêta un instant pour regarder deux jeunes enfants s'amuser, elle afficha un sourire, leurs innocences étaient à envier. A cet âge, rien n'a d'importance, alors qu'après, tout est sujet à prise de tête ... Après ce petit temps, elle reprit sa route, toujours aussi seule. Mais, pour elle la solitude était comme une amie. Depuis petite, elle avait appris à rester seule, à apprécier la solitude au final. Et chacun devrait ou aurait dû tenter un instant au moins, tenter d'apprécier un moment de solitude. Iris a du mal à supporter les personnes qui recherchent sans cesse la présence d'autrui, à être sous les projecteurs, vous savez, le genre de pin-up qui passe de groupe en groupe pour montrer qu'elle connait tout le monde ... bref.

La jeune demoiselle stoppa sa marche quelques minutes après ce court arrêt, devant la patinoire. Celle-ci se trouvait dans le centre-ville de Saint Petersburg, un peu en retrait de l'animation des rues principales. Quelquefois, cet endroit et bondé, comme si c'était un lieu de rassemblement tout comme le squat. D'autres fois, c'était désert, mis à part quelque sportifs s'entraînant sur la glace, c'est dans ces moment-là, qu'Iris aimait venir s'isoler ici, d'abord parce que ce lieu était apaisant et d'autre part, parce qu'elle pouvait regarder les gens patiner, les envier de ce bonheur de se sentir glisser sur cette surface si fascinante qu'elle n'avait jamais eu le droit de connaitre. Elle pouvait rester là des heures, à réfléchir, aujourd'hui, elle avait prévu d'y travailler, elle gravit les escaliers des gradins et s'installa au centre de ceux-ci. Elle sortie de son sac, un calepin dont de nombreuses feuillent étaient déjà griffonnées d'indications, de notes, de croquis. C'était un peu sa boite à idée pour son boulot. Depuis qu'elle s'était levée elle avait en tête un décor bien précis et voulait a tout pris le mettre sur papier pour ne pas en oublier des détails. Un crayon à la main, elle commença à dessiner les grandes lignes de la pièce qu'elle avait en tête.

Spoiler: