Taking picture of you :

Viktor c'est une énigme sans fin dont personne ne possède la clé. C'est aussi un ensemble de règle à bien respecter pour ne pas se perdre totalement dans la complaisance de sa personne. La première d'entre elle est de ne pas se fier aux apparences. Si vous ne suivez pas cette dernière, il vous apparaitra bien vite comme un garçon rebelle, imbu de lui-même, aimant faire mal aux filles en les baisant avant de les jeter. Un riche qui ne voulait pas de sa condition. Un pauvre petit garçon poursuivit par une existence qu'il ne désirait pas. Un emmerdeur, tout ce qu'il n'est pas vraiment au fond. Si jamais vos réflexions vous conduisent sur cette voie c'est que vous ne l'avez point compris. L'horreur de sa personne réside dans le simple fait que ses actions peuvent facilement se mélanger avec des stéréotypes établis par une société plus qu'archaïque. La seconde règle n'est nul autre que de faire attention aux moindres détails. C'est ce qui permet de remarquer que son air mystérieux n'a rien à voir avec une envie de tout casser mais est simplement une question de survie. Se confier n'a jamais été l'une de ses qualités sans qu'il soit un être sans coeur. Bien au contraire, il en possède un bien grand. C'est juste qu'il n'a jamais compris comment exprimer ce que ce dernier ressent. A une certaine époque, on le trouvait même très doux et sage, ce temps est quelque peu révolu. Il reste pourtant quelqu'un de très calme et souriant. Ce qui amène à la troisième mais sans doute la plus importante de toutes les règles : ne jamais tomber amoureux de lui. Cela peut être stupide à dire mais certaines folles se lancent dans ce chemin plus que risqué où personne n'a jamais trouvé la clé de son coeur. Tout n'est au fond pas que de sa faute. Dès le départ, il prévient que tout ce qu'il veut c'est de l'amusement, rien de sérieux. Malheureusement son côté dragueur gentillet et taquin amène souvent les demoiselles à penser qu'elles pourraient le changer. Aucune n'y est encore arrivée. Il enchaine donc les relations d'un soir sans que cela ne lui pose le moindre problème. Il aime sa vie remplie de liberté, pas d'attaches précises et pouvoir passer la nuit avec n'importe qui. Briser le coeur de charmantes demoiselles a toujours été une chose qu'il a en horreur, il se montre donc respectueux à sa drôle de manière. A celle d'un homme qui n'a jamais dit je t'aime. La réglé numéro quatre est plutôt un conseil : ne jamais croire qu'il a besoin de vous. Cela plus de cinq ans qu'il se débrouille seul et demander de l'aide à autrui est une chose qu'il a en horreur. Sans doute que son côté têtu joue grandement en défaveur de toute aide. Il n'aime tout simplement la sensation de se savoir redevable envers quelqu'un. Il a l'impression que cela lui enlève une grande part de ses libertés. Qui plus est, son indépendance est sans doute ce qui lui a permis d'être aujourd'hui quelqu'un de mature, calme et posé. Il réfléchit avant d'agir même si par moment il peut être un grand impulsif. La cinquième règle est de ne pas confondre arrogance et confiance en soi. Il est sûr de lui, de ses choix, de la manière dont il conduit sa vie mais son égo passe encore à la porte. Il ne considère pas les autres comme inférieur à lui mais simplement différent. La sixième est de ne pas lui en vouloir s'il ouvre sa grande gueule. Franc sur beaucoup de choses, il ne sait pas se taire même quand c'est nécessaire et cela la conduit plus d'une fois à finir la gueule éclatée par des personnes n'appréciant pas son attitude. Toutefois, il ne change guère et dit ce qu'il pense. Ils ne dépassent toutefois pas totalement les limites. Son but n'est pas de faire souffrir autrui, simplement d'exposer son point de vue. La septième règle est de comprendre sa vision du destin. Pour lui, il existe quelque chose d'extérieur à l'homme qui peut l'amener sur une route à laquelle il n'avait pas pensé. Toutefois, il n'a jamais cru en la fatalité de ce dernier. Pour lui, il ne fait qu'ouvrir plus de portes et ne nous obligent point à en suivre une particulière. Personne ne lui dictera jamais sa façon de faire même si on peut le prendre comme un fou s'il change ses plans rien qu'en ayant percuté quelqu'un. La dernière règle serait de ne jamais lui faire de grasse. Viktor est rancunier et si on lui fait mal, il le refait en double et ne pardonne que très rarement.

Et puis, à par ses règles, il y a toutes ses choses importantes qui font qu'il est lui et qui peuvent se ranger en deux catégories : ce que vous pouvez découvrir et ce qu'il vous cachera toujours.

+ Grace à son accent, on comprend bien vite que le russe n'est pas sa langue maternelle même s'il sait très bien le parler ainsi que l'anglais. En cherchant un peu on peut donc découvrir qu'il est suédois. Jamais vous ne verrez s'apitoyer sur son sort, il sait que la vie n'est pas un long fleuve tranquille et a appris à supporter son cours parfois néfaste. Il apprécie de dormir à la belle étoile et dans une autre vie il n'aurait pas été contre être un astronaute. Il ne sait pas ce qu'il veut faire de sa vie et cela ne l'embête nullement. Il aime penser au jour le jour. Il ne pourrait vivre sans ses cigarettes même si cela n'est nullement bon pour la santé. Par contre, il ne se drogue pas. Aucun joint ne passera sur ses lèvres et le reste n'en parlons même pas. Par le passé, cela était totalement différent, il était un pur accroc, depuis il a appris à se faire plaisir de façon totalement différente. Il aime entendre les demoiselles murmurer son prénom quand ils s'amusent. Le sexe est pour lui l'une des meilleures façons de s'éclater. Il est d'ailleurs très inventif et n'est jamais contre une partie de jambe en l'air. Il n'est pas accroc, il aime simplement cela. Il possède un tatouage sur le poignet qu'il s'est fait le jour même de ses 17 ans, le premier signe de son changement de vie. Il n'a que très rarement froid. Il connait le langage des signes et aurait pu l'apprendre rien que pour elle. Il arrive à lire dans autrui rien qu'en le regardant droit dans les yeux. Il se moque totalement des origines, des orientations et autres des gens qu'il côtoie. Il juge sur les actes non sur les racontars.

- Il est le fils d'un riche PDG qui le recherche activement depuis quatre ans. Ce dernier, ainsi que le reste de sa vie, ne sait point où il se trouve et cela ne lui pose aucun souci. Tout ce qui concerne son ancienne vie est d'ailleurs ce qu'il garde de plus secrets. Jamais personne ne saura qui il est et même son nom de famille est inconnu pour les autres. Il possède d'ailleurs une autre carte d'identité au cas où il serait arrêté. C'est un as des mathématiques, il est capable de réaliser des calculs très compliqués de mémoire. On lui a d'ailleurs diagnostiqué un côté surdoué mais extrêmement développer vers les chiffres. Lorsqu'il chante même les oiseaux se taisent. Il possède un certain talent qu'il n'a jamais montré à personne. Seule la nature a pu admirer ce précieux don. Ses parents l'avaient fiancé avec une fille qu'il ne connaissait point. Il adore le bleu mais depuis quelques temps, il commence à ne plus pouvoir se passer du noir. Son physique est un grand atout comme la pire des malédictions. Ce dernier le rend parfois trop angélique avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus toutefois il ne changera jamais ce que la nature lui a donné. Parfois il peut être violent mais c'est seulement en réponse à ce qu'on lui fait subir. Il ne peut plus se passer d'elle et cela est en train de le ronger totalement. Il paraitrait même qu'il murmure son prénom en pleine nuit.

The pursuit of happiness :

Qui était-il ? Un garçon comme tant d'autre rentrant chez lui après la fin d'une journée de cours. Dans son existence, vous ne trouveriez rien d'extraordinaire. C'était un bon élève, un bon fils, un petit Suédois comme tant d'autres, vivant dans une belle maison où l'argent était roi. Il était heureux avait toujours eu tout ce qu'il désire sans devoir s'énerver. Il était aussi doux et calme, un petit garçon comme tant d'autres et que beaucoup de parents auraient adoré avoir. Comme chaque jour, il suivait le même trajet. Il commençait par se rendre dans sa tendre chambre où il faisait tous ses devoirs. Ensuite, il allait s'exercer pendant une demi-heure au piano avant de se rendre jusqu'à une pièce bien précise. Sans toquer, il ouvrit la porte de cette dernière près à... Il ne bougea plus, sous le choc de ce que ses yeux étaient en train d'observer. Ô oui, il venait d'être témoin d'un spectacle qui ne quitterait plus jamais son tendre esprit. Il était toujours incapable de bouger, totalement perturbé, détruit par ce qui venait de lui arriver. Il fallait qu'il fasse vite ne voulant nullement se faire prendre... Non, il ne voulait pas qu'on découvre sa tendre présence. « Viktor qu'est-ce que vous ? Ce n'est pas ce que tu penses... Tu... » Trop tard néanmoins cette voix qu'il entendit lui permit de mouvoir son tendre corps. Ni une, ni deux, il sortit précipitamment de la pièce ne prenant même pas le temps d'écoutant la fin des propos. Tout cela n'avait aucun intérêt pour lui. A cet instant précis, tout ce qu'il comprenait c'était la stupidité dont il avait fait preuve durant tellement d'années. Comment avait-il fait pour ne rien comprendre plus tôt ? Il n'en savait rien. Il était totalement perdu et la seule chose qu'il désirait c'était fuir. Il manqua d'air, sa maison pourtant gigantesque commençait à l'oppresser. Il avait besoin d'être ailleurs, même rien que pour un moment. Pour la première fois de son existence son comportement ne fut pas dirigé sur comment faire plaisir à ses parents ou encore comment ne pas se faire chopper pour la petite bêtise qu'il avait pu commettre. Pour une fois, il pensait à son bien-être tout en se moquant des conséquences. Avant même qu'un domestique puisse l'arrêter, il s'empara de la moto de collection de son père et s'en alla. Son action était totalement folle, tout d'abord parce que la vielle bécane n'avait plus été utilisée depuis des années. Ensuite parce qu'il ne l'avait conduit que dans la propriété. Et puis surtout parce que techniquement parlant il n'avait pas l'âge de conduire l'engin. Malheureusement, aucune de ces raisons ne lui donnait envie d'arrêter ce qu'il était en train de faire. Viktor était en train de subir l'une de ses crises d'adolescence pendant lesquelles rien ne peut vous empêcher d'agir tel que vous le désirez. Il roulait donc à vive allure, se moquant totalement des conséquences, voulant simplement perdre la tête et tout oublier une bonne fois pour toute. A ses yeux, plus rien ne possédait d'importance si ce n'est ce sentiment écoeurant qui le prenait aux tripes. Il fut bien vite contraint de s'arrêter sur le bas-côté afin de se défaire de ce dernier. Respirant un grand coup, il reprit presque immédiatement sa péripétie qu'il voulait sans aucune fin. Malencontreusement, la vielle bécane en décida autrement lorsqu'elle lui fit remarquer le peu d'essence qui lui restait. Dans l'urgence, il trouva un point de chute. « Cela te dérangerait-il de m'héberger pour quelques heures. » Sa quête de réflexion était bien loin d'être finie, pour le moment, il cherchait juste un lieu où il pourrait l'accomplir. La belle demoiselle le laissant passé, il n'attendit pas une seconde de plus avant de s'engouffrer dans la tendre demeure. A peine furent-ils en haut qu’il approcha ses lèvres des siennes en un baiser passionné. Oublier une horreur par un plaisir éphémère. Il était là, tout contre elle mais son esprit était déjà ailleurs, pris dans la même tourmente qui emmenait sa réflexion de plus en plus profondément. Il repensait en permanence à tous ses détails qui l’avaient conduit et tout ce qu’il voudrait changer maintenant et puis… elle arriva… fugace et en même temps tellement précise. Une idée simple comme le monde et qui pourtant l’amenait plus loin qu’il n’aurait jamais pu y penser. Elle pouvait se résumer en un seul mot : liberté. « Tu en veux un peu ? » Elle se pencha sur lui prête à poser un peu de poudre blanche sur son tendre corps afin de parfaire le petit instant qu’il venait de partager et sans aucune réflexion, il lui répondit gentiment. « Non merci. » Ne lui laissant pas le temps de demander pourquoi, il se releva, remit les couches de vêtements qu’il avait enlevés avant de l’embrasser… une toute dernière fois. Sa décision était prise, il ne serait plus le même. Lui qui avant était si enclin à confondre joint et cigarette n’avait plus envie de suivre la même route. « Je dois y aller, l’heure du souper approche… » Elle le laissa partir, ne sachant point quel gros mensonge il venait de lui sortir. A peine fut-il dehors qu’il n’appela point un taxi, non il avait une autre idée en tête. « C’est moi, j’ai besoin de quelque chose de différents cette fois-ci… Il me faut une nouvelle identité, ne me demande pas pourquoi ou comment mais j’en ai besoin le plus rapidement possible. Je te payerais en conséquence. » Il raccrocha presque immédiatement satisfait de ne rien avoir dit de trop compromettant. Personne ne devait savoir où il prévoyait d'aller ni même ce qu'il pourrait faire avec une telle carte. Attendant patiemment l'arrivée de sa limousine, il fut légèrement surpris d'y retrouver son père à l'intérieur et puis au fond, ce n'était pas si étonnant. Avant même qu'il ouvre la bouche, il savait avec exactitude ce qui allait en sortir. « Je sais que tu n'es sans doute pas à même de comprendre ce que j'ai fait mais ne me juges pas et s'il te plait n'en parle pas à ta mère. Cela lui ferait beaucoup de mal et je n'ai pas envie de la blesser. » Il n'avait même pas envie de lui répondre car tout ce qu'il trouvait à dire c'est qu'il comprenait. Cette simple pensée faisait remonter sa vague d’écœurement. Lui, Viktor Bedwyr, âgé de seize ans trouvait concevable l'idée même de baiser sa secrétaire sans la moindre gène. Il aurait dû en être surpris, aurait pensé que ses parents ne pouvaient s'aimer que d'un grand amour ou au moins réagir. Tout ce qu'il avait eu c'était du dégout, non pas pour la situation mais pour la révélation qui l'accompagnait. Dans 30 ans, il serait lui... Jamais avant aujourd'hui il n'avait remarqué combien son existence était prévisible. Maintenant, tout lui apparaissait avec une clarté qui l'effrayait. Il savait qu'au moment même où il atteindrait la majorité, il serait envoyé dans l'école de commerce la plus réputée d'Europe et qu'il en sortirait premier de sa classe. Vers ses 22 ans, son père lui annoncerait qu'il est grand temps qu'il demande la main de Priska. Même sa femme il ne la choisirait pas. La demoiselle était une Suédoise issue, tout comme lui, d'une bonne famille à qui il était destiné depuis des années. A peine sorti de l'école et après avoir été engagé dans l'entreprise de son père, ils se marièrent. Dans les deux ans, ils auraient leur premier enfant. Si c'est un garçon, ils s'arrêteraient là, si par contre il s'agirait d'une demoiselle, ils recommenceraient pour avoir un héritier. Peut-être qu'après un certain temps, il finirait par aimer cette totale étrangère mais pas de cet amour qui surprend un être lorsqu'il découvre un amour plus puissant que n'importe quoi. Alors, il finirait, comme son géniteur, par tromper sa femme et se faire surprendre car il n'en aurait que faire. Sa vie ne serait que richesse et apparence, le reste ne compterait plus. Une vision de lui-même qui le dégoûtait, le tuait et lui donnait envie de s'enfuir. Pour la première fois, il remarquait la stupidité de son existence, tout ce qu'il avait raté durant tant d'années et tout ce qui l'attendait s'il ne faisait rien. Ne laissant toujours aucun mot franchir le seuil de ses lèvres, il monta immédiatement dans sa chambre. Il ne voulait voir personne, simplement continuer d'agir. Du temps, il en avait bien trop perdu et maintenant cela n'était plus acceptable. Son plan allait d'ailleurs l'aider à en retrouver, à ne pas finir sa vie prisonnier d'une prison dorée qui se refermait peu à peu sur sa tendre personne. Ce dernier, venu d'une pensée fugace allait être répété et mis en oeuvre de la façon la plus précise qui soit. Quel était-il ? Il allait s'enfuir, fuguer mais pas de n'importe quelle façon. Tout ce qu'il savait maintenant c'est qu'il partirait du pays, se ferait discret et surtout ne serait plus jamais aveuglé par de l'argent facile. Il allait être un autre et profiter de toutes les jouissances qu'une vie pouvait donner. Aucun interdit si ce n'est ses principes moraux qu'il garderait contre vent et marée. Il avait encore tellement de choses à mettre en place et si peu de temps et pourtant il n'était pas effrayé. Bien au contraire, pour la première fois de son existence, une paix totale existait en son être, il avait trouvé un but à sa vie et il en remerciait le destin. S’il n’avait jamais vu son père forniquer, il n’aurait pas pensé combien sa vie était morne et sans intérêt. Jamais il n’aurait compris la nécessité de s’enfuir et il aurait raté sa propre vie. L’heure du souper fut annoncée et ce soir-là, il descendit, comme à son habitude, rien ne paraissait différent chez lui et pourtant, tout avait changé. De l’extérieur, il était peut-être toujours le même mais en lui, tout avait changé. Le petit Viktor obéissant était mort, maintenant il ne restait plus qu’une idée : la liberté, belle, pure et simple.

Venir ici était sans aucun doute la pire idée qu'il pouvait avoir. Il ne pouvait s'assurer de passer inaperçu mais il avait besoin de savoir. Ayant droit à l'ordinateur pour une heure, il n'attendit pas une seule seconde pour taper dans le moteur de recherche ce qu'il cherchait ardemment. Quelques minutes et il tombait sur l'article qui l'intéressait. Le lisant d'une seule traite, une vague étrange se saisit de son être. Des réponses, il en avait maintenant toutefois, il ne savait nullement si ces dernières étaient une bonne ou une mauvaise chose. Tout ce qu'il savait avec une grande exactitude c'est qu'on ne l'avait pas oublié. Pire même, ses parents le cherchaient encore. Du haut de ses dix-huit, il doutait, depuis quelques semaines, de l'idée qu'il avait eue. S'enfuir s'était beau mais en même temps totalement terrifiant. Il vivait une vie qu'il n'aurait jamais imaginée. Cependant, cette dernière était plus que couteuse, elle l'avait privé de tous ceux qu'ils connaissaient et par moment, comme aujourd'hui, ce prix lui paraissait bien trop élevé. Une certaine culpabilité prit l'envahissait tandis qu'il voyait sur l'écran des mots de sa chère mère. Elle espérait encore que ceux qui avaient enlevé son enfant demanderait une rançon contre sa libération. De là où il était, il ne comprenait pas comment ses géniteurs n'avaient point compris qu'il s'était enfui et que personne ne l'avait kidnappé. Il est vrai que son plan n'avait laissé paraitre aucune envie de partir. Il avait passé une journée d'école comme tant d'autres profitant simplement de l'absence de ses parents pour s'en aller définitivement. Il n'avait emporté que le strict minimum, fait un mot comme quoi il allait passer le week-end près du lac et n'était jamais rentré. Il s'était rendu dans le port le plus proche et avait embarqué sur un bateau direction la Russie. L'avion, bien que moyen de transport plus sûr, ne convenait pas à son envie de passer inaperçu. Trop de portes et de caméras pour rester incognito. Arrivé dans le pays de la Vodka, il avait gagné Saint-Pétersbourg par de multiples auto-stops où il avait toujours pris soin de cacher ses tendres traits et de porter une casquette. Arrivé là-bas, il fut légèrement perdu, ne sachant où dormir, comment se nourrir, de quoi il allait vivre. Un million de doutes qui partirent dès qu'il trouva le squat. Un lieu unique correspondant à tout ce dont il avait envie et où il s'y sentait bien. Il est vrai que ses conditions de vie étaient totalement différentes de ce qu'il avait connues mais cela ne le dérangeait nullement. Il voulait la liberté totale et il l'avait obtenu. Deux ans plus tard, ce beau rêve semblait différent. Certains jours, sa vie de SDF n'était pas aussi plaisante qu'il en avait envie et pouvoir faire ce que l'on veut n'était plus aussi agréable. C'était le cas aujourd'hui. Comptant les sous qu'il avait dans sa tendre poche, il hésita, rien qu'un instant. Devait-il les appeler ? Comprendraient-ils son envie de ne pas suivre la route imposée ? Il n'en savait et d'une certaine manière, il ne désirait pas le savoir. Il avait peur d'entendre les pleurs de sa mère et ... Son père. Repenser à lui, revoir son image et puis surtout ce qu'il avait fait, la raison qui l'avait poussé à partir. Non, il ne pouvait pas agir de la sorte. Renoncer à son rêve ne valait pas un peu de réconfort. Il avait fait un choix, il allait s'y tenir et demain allait être un jour meilleur. Au moins, il pourrait se dire qu'il ne faisait pas des études qui ne l'intéresserait pas et qu'il n'était pas fiancé à une fille qu'il n'aimerait jamais. Oui, une bonne nuit de sommeil et tous ses doutes seraient envolés.

Profitant calmement de l'air extérieur, il était guidé par ses pensées qui l'emmenaient, malgré son bon vouloir, vers une personne à laquelle il ne voulait pas songer. « Et bah dit donc mon vieux, je te préfère en compagnie de ton anarchiste. Là tu as l'air un saucisson mort. » Relevant la tête, il aperçut Tristan, toujours un joint à la main, le regardant calmement. Sans qu'aucune expression ne change sur son visage, son regard se fit légèrement plus noir comme si parler d'elle n'était pas une bonne chose et ne ferait que rendre son manque plus insupportable. « Que veux-tu on ne peut faire qu'avec ce que dieu nous a donné. S'il a voulu faire de moi un saucisson mort c'est son droit. » Raconter des bêtises pour ne pas qu'on parle d'elle, une technique plus qu'intéressante mais qui face à quelqu'un comme lui n'avait aucune chance de marcher. « Il est vrai que tes cheveux blonds et tes beaux yeux bleus te donnent l'air d'un morceau de viande. Allez, pourquoi ta jolie demoiselle n'est pas avec toi ? Tu sais j'adore les joints que nous partageons ensemble... » Haussant les épaules, il n'a même pas envie de répondre, peut-être parce que la vérité serait bien trop compliquée à admettre. Allumant une petite cigarette, il observait tranquillement le ciel tout en essayant de retrouver un peu de cette paix qu'il aimait tant. Malheureusement, en compagnie de quelqu'un comme Tristan cela était bien trop demandé et il savait qu'il n'obtiendrait point ce qui attendait tant. « Elle n'est pas à moi. Elle fait sa vie et moi la mienne. » Même quelqu'un d'aussi naïf que son ami ne pouvait pas passer à côté de cet énorme mensonge. Cependant, il ne rétorqua rien, comprenant, sans trop de difficultés, que quoiqu'il se passe, il n'obtiendrait aucune réponse potable. D'ailleurs, Viktor était déjà reparti dans le trouble de ses pensées, la simple évocation de la douce demoiselle l'emmenait ailleurs, dans un monde totalement différent. Tel un fantôme, il se revoyait, quelques mois plus tôt en train de l'observer. A l'opposé de beaucoup, ce n'était pas son look étrange qui l'avait attiré mais quelque chose dans son tendre regard. Il ne l'avait jamais vu comme une bête de foire et même après avoir compris qu'elle était sourde, cela n'avait pas changé. Viktor avait, en réalité, très rapidement compris que son style vestimentaire n'était qu'une barrière de plus qu'elle s'imposait pour ne pas laisser sa pseudo difformité apparaitre. Pour lui, elle était comme toutes les autres même plus encore. Etrange histoire que celle d'un homme tombant totalement amoureux. Le temps qu'il comprenne ce qui lui arrive, il était bien trop tard. C'était ce qui s'était passé dans son cas. Au départ, il voulait l'approcher, la connaitre pour comprendre ce qu'il voyait dans ses yeux. Il y avait quelque chose chez lui qui lui donnait envie d'approcher. A cette époque, il en était persuadé, le destin avait, sans nul doute, voulu la mettre sur sa tendre route et cela ne lui dérangeait nullement. Il avait toutefois mis plus de deux jours avant d'oser lui adresser la parole. Savoir comment l'approcher fut sa première difficulté toutefois, il l'oublia bien vite lorsque devant son tendre regard, il lui avait exprimé ces quelques mots. « Bonjour. Est-ce que tu aimes les bons cappuccino ? Si c'est le cas, nul doute que tu dois aller au Blue Cafe. » Il laissait passer son grand sourire tandis qu'il lui tendit un tract qu'elle n'attrapa point, continuant son chemin comme si elle n'en avait que faire. Toutefois, il était bien décidé à ne pas la laisser partir. « Et puis, je veux même te le payer si tu le désires. Par ses températures dire non à une boisson chaude, ce serait un crime contre l'humanité. » Elle continuait d'avancer tout comme lui, il se moquait du reste, la seule chose qui comptait c'était elle. Pour toute réponse, un simple ensemble de gestes lui disant gentiment " Va te faire voir. " Et ce fut-là qu'il comprit qu'elle n'était pas comme tout le monde qu'elle n'avait pas de voix mais pour lui cela n'était pas un frein, bien au contraire, cela ne changeait rien. Il lui répondit d'ailleurs du tac au tac. « Ce n'est pas comme ça que tu te débarrasseras de moi et puis, un petit café ça ne peut pas te tuer ? Promis je ne mords pas et je n'ai pas non plus la rage. Je suis peut-être un peu fou mais qui peut se targuer de ne pas l'être ? Nous vivons dans un monde étrange. Et si tu te poses encore la question, non, tant que tu n'auras pas accepté, je ne te laisserais pas partir. Et je peux t'affirmer que je sais reconnaitre un oui, surtout avec des mains si graciles. » Il parlait dans l'unique but de la retenir. Ce fut d'ailleurs mission réussie et autour d'un café, il lui raconta bien plus de choses qu'il n'avait jamais dit à personne. Ô bien sûr, même encore maintenant elle ne sait pas tout, simplement davantage qu'autrui. Regardant à nouveau Tristan, il sortit de ses pensées sans même se demander le temps qu'il avait passé sans rien dire. De ces quelques minutes de réflexions, une vérité venait de germer. Il ne pouvait pas rester ici. Regardant sa montre, il était encore temps de la voir. « Je vais faire un tour. Salut. » Il se mit à avancer mais déjà son ami reprit la parole. « Dis-lui bonjour de ma part joli coeur. » Il ne se retourna même pas, se contentant d'avancer, voulant la retrouver comme avant... avant l'incident. Encore maintenant, il se sentait stupide d'avoir été pris sur le fait. Elle l'avait vu en compagnie d'une charmante demoiselle et ils ne jouaient pas aux cartes. Il se détestait d'avoir été surpris par elle... Il ne voulait pas qu'elle le prenne pour un dragueur, qu'elle pense qu'il se jouait d'elle. La vérité était simple, il ne désirait point qu'elle voit ses mauvais côtés, qu'elle puisse même penser qu'il lui ferait du mal. Cela lui était impossible mais il sentait bien qu'une déchirure existait entre eux depuis ce fameux jour même s'il n'en parlait pas. Parce qu'il pensait l'affaire classée, parce qu'il ne voulait pas remettre une couche sur un sujet qui ne lui plaisait guère. Aujourd'hui, il allait toutefois se rattraper, la surprendre pour mieux la faire sourire. Oui, ce jour serait le leur et personne ne pourrait venir gâcher cela. Arrivant près de l'université, il se mit dans un coin près à la surprendre. Malheureusement, d'eux deux, ce fut lui le plus surpris. Il l'a vis sublime, comme à son habitude mais malheureusement, accompagné. Un homme qui la touchait, posait ses lèvres sur les siennes. Non elle n'était pas à lui, il l'avait déjà répété mainte et mainte fois alors pourquoi avait-il si mal ? Pourquoi sentait-il son monde changé bizarrement ? Il n'en savait rien. Toutefois, une phrase qu'elle lui avait dite, quelques jours avant, revenait dans son esprit. Elle aussi avait des amis... des amis d'un genre particulier qui ne lui plaisaient point. En ayant vu assez, il s'en alla, sans savoir où se rendre. Il avait simplement besoin de se vider la tête. De ne pas penser à elle, à ce baiser qu'il venait de voir et combien cela le perturbait. Etrange destin que d'avoir rendu Viktor totalement dingue de la belle Françis.