« Bien des hommes ont été tout aussi troublés moralement et spirituellement que tu l'es en ce moment. Par chance, quelques-uns ont écrit le récit de leurs troubles. Si tu le veux, tu apprendras beaucoup en les lisant. De même que d'autres, un jour, si tu as quelque chose à offrir, d'autres apprendront en te lisant. Et ce n'est pas de l'éducation. C'est de l'histoire. C'est de la poésie. » 

La jeune femme passa sa main sur ses yeux entourés de cerne. Il avait fallu 14 heures pour sortir ce petit bonhomme de là, elle croyait qu'elle n'allait jamais y arriver et maintenant, même après quelques jours passés à l'hôpital, elle se sentait toujours fatigué par l'accouchement. Elle n'avait jamais eu d'enfant avant, son boulot ne lui permettait pas, mais quand elle sut qu'elle était tombée enceinte il y a neuf mois, au fond d'elle, garder ce bébé était une opportunité de changer sa vie et elle l'avait saisi. Mais la jeune femme allait devoir surmonter des épreuve, elle s'en était rendu compte quelques heures après l'accouchement, quand l'infirmière lui demanda le nom du père de l'enfant, sa réponse : il n'y en a pas. La vérité était qu'Agata Davidovich ne connaissait pas l'homme qui l'avait enfanté, ou du moins, elle ne connaissait pas son nom. Ce n'est que quand son petit garçon ouvrit enfin les yeux alors qu'elle lui chantait une berceuse russe, qu'elle reconnut ce regard bleu azur, le même que cet homme qu'elle avait servi il y avait quelques mois de cela. Et elle était rassurée de savoir que le père de cet enfant avait été doux avec elle, il avait été le plus gentil, il n'avait pas été comme tous les autres. On lui avait offert une merveille, une bombe entre ses mains,ce petit ne sera pas comme les autres, elle se savait d'avance, car sa vie n'aura rien de normal. Avoir une mère qui ne se respecte pas, ne pas avoir de père, il sera peut-être rejeté, décourager... Mais Agata ne voulait pas penser à ça, c'était trop dur, ça faisait trop mal.
L'infirmière entra dans la chambre de la jeune femme puis déposa une petite merveille entre les bras d'Agata. Elle regarda son fils encore endormi. L'infirmière se pencha sur le petit garçon « Un très beau bébé que vous avez là. Comment s'appelle-t-il ? » « Hélios, il s'appelle Hélios. » « C'est peu commun en Russie. C'est de quels origines ? » « Grec, ma mère était originaire de la Grèce, un jour elle m'a lu une histoire avec un héro qui s'appelait Hélios, à la fin de l'histoire, on découvre que ce prénom signifie soleil et ça m'est toujours resté en mémoire. ». Agata sourit avec tristesse, sa mère lui manquait, elle aurait tant voulu qu'elle soit là, auprès d'elle. Elle lova son enfant contre sa poitrine et versa une larme, une de ses larmes qui n'étaient pas apparu sur ses joues depuis quelques années déjà, une larme de bonheur.

« L'homme qui tombe, rien ne lui permet de sentir qu'il touche le fond. Il tombe et il ne cesse pas de tomber. C'est ce qui arrive aux hommes qui, à un moment ou à un autre durant leur vie, étaient à la recherche de quelque chose que leur environnement ne pouvait leur procurer. Du moins voilà ce qu'ils pensaient. Alors ils ont abandonné leurs recherches. Avant même d'avoir vraiment commencé.  » 

Ses mains commençaient à être moites. La salle d'attente avait une drôle d'odeur. Même si Agata venait déposer son fils depuis presque un an toute les semaines dans cette salle d'attente, il y avait quelque chose d'étrange cette fois, peut-être parce que son fils ne se trouvait pas à ses côtés. Le psychologue d'Hélios avait appelé la jeune femme, il voulait la voir avant la prochaine séance du petit qui était alors âgée de 8 ans. Agata l'avait emmené voir un psychologue car, elle s'en faisait pour son petit. Il avait du mal à se concentrer et se bagarrait souvent dans son école. Il n'avait pas beaucoup d'amis, si s'en était aucun.Agata avait mis ça pour cause qu'il n'y avait pas de présence masculine à la maison. Après la naissance de son fils, elle avait arrêté toute pratique de prostitution et c'était offert un petit appartement en plein dans la capitale, Moscou. Tout se passait pour le mieux, elle avait trouvé un boulot en tant que vendeuse dans un magasin de chaussure et tout allait pour le mieux. Jusqu'à l'année dernière. Les notes d'Hélios ont commencé à chuter, à part en math où il avait des résultats plutôt impressionnant. Puis il a commencé à se dé-socialiser, à se battre presque tous les jours. C'est pour cette cause qu'Agata envoya son fils chez un psychologue. Le concerné arriva dans la salle d'attente et fit signe à la jeune mère de venir dans son bureau. Elle se leva, puis entra dans le bureau avant de s'asseoir sur la chaise appropriée. Le médecin ouvrit un dossier et toussota. « Bien Mademoiselle Davidovich, je vous ai appelé concernant votre fils, Hélios. » « Je m'en doute. ». Agata regretta son ton froid, mais elle était sur les nerfs depuis ce coup de fils. Le médecin ne releva pas puis continua son discours. « Votre fils a des troubles du déficit de l'attention avec hyperactivité... » « Oh mon dieu... Vous en êtes sur ? » « Oui, il a tous ses symptômes qui persistent : un manque d'attention, des difficultés à terminer des tâches ou des devoirs et tous autres symptômes. Pour l'hyperactivité, c'est pareil : une tendance à remuer les mains ou les pieds, à ne jamais tenir en place, il parle beaucoup et il est très impulsif. On ne peut pas le nier, tous les symptômes sont là. ». Agata en versa une larme, puis une autre. Sa main toujours placé devant sa bouche, elle ne parla pas. « Avez-vous des antécédents familiaux avec se même genre de trouble ? C'est souvent héréditaire. » « Non, pas du côté de ma famille... » « Et de son père ? ». Agata éclata en sanglot, elle n'en savait fichtrement rien, elle ne savait RIEN de lui, à part qu'il était un de ses clients. Le médecin n'insista pas puis continua « Ce n'est pas si grave que ça, ça s'améliore souvent en vieillissant, pour le moment inscrivez-le à un sport qui pourrait le défouler, pas un sport de combat, plutôt quelque chose qui dépense sans agressivité. » « Comme la natation ? » Oui, parfait, la natation ! ».Agata essaya de reprendre sous souffle, mais des spasmes l'en empêchaient. Elle resta encore quelques minutes dans le bureau du médecin où elle commençait à suffoquer puis elle s'en alla, un poids au coeur. Au fond d'elle, elle savait depuis le début qu'Hélios ne serait pas comme les autres, c'était une bombe prête à exploser à tout moment et ça terrifiait la jeune mère.

« C'est marrant, suffit de s'arranger pour que quelqu'un pige rien à ce qu'on lui dit et on obtient pratiquement tout ce qu'on veut.  » 

Mon nez me faisait un mal de chien. Ce Pavel avait une sacré poigne je devais le reconnaître, mais quel crétin, il ne méritait pas tout ce qu'il avait, l'argent, la popularité et les filles, ou plutôt LA fille. C'était la plus belle du bahut, Nina, elle s'appelait Nina. Elle était plus vieille que moi mais j'avais un faible pour les femmes plus âgées, drôle de discours pour un gamin de 12 ans, je sais bien, mais j'étais différent en tout point. Je n'avais pas de père, il était mort d'après ma mère, mais je n'ai jamais été dupe de cette version, car elle n'a aucune photo de lui et se trompe encore de nom quand je lui demande comment il s'appelait. Elle m'en a sorti plusieurs, David Huscnick, David Flinick et plein d'autre, même si elle restait fidèle au prénom, David, j'étais assez intelligent pour faire une différence entre Huscnick et Flinick. Sur le chemin de la maison, plusieurs personnes me regardèrent de travers, j'avais le nez en sang et ça dégoulinait de partout. Seule une femme s'arrêta pour me donner un mouchoir et me demander si tout aller bien. Il pouvait y avoir des gens généreux dans une grande ville comme Moscou, même si ça en courrait pas à tous les coins de rues. J'avais à présent mon nez enfouit dans mon mouchoir, maman va être furieuse en me voyant, oui maman va être sérieusement furieuse. Putain. A peine trois mois que j'étais dans ce nouvel établissement, je m'étais déjà battu cinq ou six fois. Maman va vraiment s'énerver. En arrivant dans l'appartement, il n'y avait personne, pourtant maman devait être rentrée depuis un moment, elle devait encore traîner avec c'te Alexandr, je ne l'aime pas, il a plein d'argent et il se croit le roi du monde. Mais maman l'aime bien, alors j'ai pas mon mot à dire, donc je ne dis rien, mais je n'en pense pas moins. Je profitais que personne ne soit à la maison pour nettoyer mon nez. Puis la porte s'ouvrit, une silhouette que je connaissais bien, grande, fine, cheveux brun très long, c'était ma maman. Son regard se posa directement sur mon mouchoir plein de sang posé sur la table, elle le ramassa furieuse. ]« Hélios... Tu m'expliques ? ». Elle avait cette voix aigus quand elle était contrariée. Je me redressais du lavabo et lui fit face. Son visage s'assombrit ]« Bon dieu ! Sérieusement Hélios ? La sixième fois que tu reviens cabossé ! » elle s'avança etprit un torchon, le mouilla puis se baissa pour nettoyer le sang qui restait sur mon visage. ]« Et moi qui croyait que cette école allait tout résoudre... » elle soupira puis jeta le torchon sur la table.] « C'est à cause de quoi cette fois hein ? » « A cause de toi... ». Elle ria, un rire que je n'aimais pas, qui voulait dire « tu te fous de ma gueule ? ». Elle s'assit sur une des chaises après avoir enlevé sa veste. Elle posa deux doigts sur sa tempe gauche puis se la massa, comme si elle avait une migraine. ]« A cause de moi ? Tu peux développer ? » « C'est Pavel, un terminal, il t'a traité de pute. ». Je n'aurais pas pensé que ses paroles auraient touché autant ma mère. Son visage se déforma, d'une expression que je n'arrivais pas à décrire, comme si elle avait vu un fantôme. ]« Pourquoi il a dit ça ? » « C'est son père qui lui a dit, apparemment il y a quelques années, son père t'aurait payé parce que tu étais une prostitué et tout. Mais c'est faux maman, hein ? C'est faux ? ». Mais oui c'est faux, ma mère n'est pas une pute, elle est vendeuse dans un magasin de chaussure, bah oui, je l'ai vu de mes propres yeux. Maman baissa les yeux et lâcha un soupire. Je m'avançai près d'elle. « C'est faux hein ? ». Il eut un silence. ]« Je pense que tu es assez grand pour savoir la vérité Hélios. ». Je faillis tomber, je me posai donc sur une chaise, regardant ma mère, inquiet. ]« Avant de t'avoir, c'est vrai, je me prostituais. Je n'avais pas vraiment le choix et crois-moi, je ne suis pas du tout fière de cette période de ma vie. ». Alors, se fut comme un puzzle, la pièce manquante était là, tout semblait clair dans ma tête. « Mon père était un de tes... clients ? ». Elle baissa encore les yeux. ]« Oui chéri. Mais quand j'ai su que j'étais enceinte, je me suis aperçu que je ne voulais pas de cette vie et tu m'as en quelque sorte sauvé, tu es mon soleil tu le sais ça ? ». Oui je le sais, d'où mon nom Hélios, vient du Grec et veut dire soleil. Je n'étais pas en colère contre ma mère, c'était du passé après tout. ]« Rester dans cette ville a été une erreur de ma part, j'aurais dû partir dès que tu es arrivé, mais l'argent manquait... Je pense accepter l'offre d'Alexandr. ». Je déglutis. « Quelle offre ? » « Il va être envoyé à une autre poste à Saint-Pétersbourg et m'a demandé de le suivre et d'emménager avec lui, avec toi bien-sur ! Je voulais t'en parler avant de prendre cette décision, mais je pense que c'est clair maintenant. ». Même si je n'aimais pas franchement ce mec, c'était la meilleure chose à faire, surtout que j'allais manquer à personne à Moscou, Nina, elle me manquera, certainement, mais je devais passer à autre chose après tout. Et Saint-Pétersbourg c'est la ville de l'espoir non ?

«Les filles c'est comme ça, même si elles sont plutôt moches, même si elles sont plutôt connes, chaque fois qu'elles font quelque chose de chouette on tombe à moitié amoureux d'elles et alors on sait plus où on en est. Les filles. Bordel. Elles peuvent vous rendre dingue. Comme rien. Vraiment.  » 

Tout était calme, tout était paisible, il n'y avait aucun bruit, rien, pas une seule pensée. Il n'y avait que sous l'eau que je pouvais vider ma tête, me concentrer. Mon hyperactivité c'était nettement amélioré depuis qu'on c'était installé à Saint-Pétersbourg. Certes, je n'arrivais toujours pas à supporter Alexandr, même si ça faisait trois ans qu'on vivait dans la même baraque. Peu detemps après notre installation dans cette grande ville, ce mec à demandé ma mère en mariage, c'était le jour de mes treize ans,je m'en souviens encore. Ça fait deux ans qu'ils sont mariés et depuis, je me sens un peu comme rejeté par ma mère. Elle me prête moins d'attention, peut-être que c'est normal, ou peut-être pas mais, ça me manque l'époque où on ne vivait que tous les deux. J'ai eu 15 ans il y a deux mois et depuis mon arrivée ici, je n'ai changé d'école qu'une seule fois, la première n'était vraiment pas fameuse, c'est ma mère qui a décidé de m'envoyer dans une école privée, depuis, mes troubles et mon hyperactivité en diminué, je me sens plus calme et plus concentré que d'habitude. Et j'adore mon professeur de math, il homme qui a la cinquantaine, je suis élève préféré, normal je n'ai que des 20 à tous les contrôles. Pour moi les maths, les chiffres, c'est simple,c'est logique, ça vient tout seul, c'est automatique dans ma tête et... j'aime ça. Manquant d'air ; j'ouvris les yeux puis poussai sur mes jambes pour remonter à la surface. En me hissant au bord de la piscine, mon entraîneur était encore là. « On fait des heures sup' Davidovich ? » « Ouep M'sieur, j'aime bien faire un peu d'apnée, ça me détend. » « Tu peux en faire tant que tu en veux tant que tu continues comme ça, tu as pulvérisé ton record aujourd'hui, bravo Davidovich, je compte sur toi pour la compet' de la semaine prochaine. » « Pas d'problème M'sieur. ». Ma mère avait insisté pour que je continue la natation quand je suis arrivé à Saint-Pétersbourg etje la remercie. J'aime beaucoup nager, me donner à fond et surtout, gagner.
On se les pelait grave dehors, il faisait un de ses froids de canard comme tous les hivers à Saint-Pétersbourg. Puis je suis rentré chez moi, n'entendant pas la télé allumée, j'en conclus que mon beau-père n'était pas là. Il avait cette fâcheuse habitude et regarder les infos 24h sur 24h. Tiens, comme la dernière fois, il devait être dans les 3h du mat', ouah, et lui, bah il a allumé la télé. L'ennuie c'était que ma chambre, bah elle est juste à côté de ce foutu salon avec cette foutu télé. J'avais la rage, mais le lendemain matin, maman l'a engueulé, ça m'a tué !
En arrivant dans la cuisine, j'allais me servir un verre quand Alexandr arriva, il brailla « Agata ? ». J'allais répondre que non, mais ma mère répondit de sa chambre et moi qui croyais être seul... Elle arriva dans le salon et embrasse ce vieux plouc, je fis semblant de me mettre deux doigts dans la bouche comme pour me faire vomir, maman le remarqua. « T'as fini tes bêtises ? » « Vous avez fini de vous embrasser devant moi ? ». Elle soupira puis se servi une tasse de thé, bizarre, d'habitude elle prenait du café. C'est tout moi, j'dois toujours remarquer des petites choses complètements inutiles qui ne me feront jamais avancer dans la vie, mais je les remarque, voilà tout. Elle se racla la gorge, Alexandr était planté au milieu de la cuisine, ils me regardèrent tous les deux. « Crachez le morceau, il s'passe quoi ? ». Un sourire hésitant se dessina sur les lèvres de ma mère «  Je suis enceinte. ».
Au début, j'ai souri, du genre, c'est une blague hein ? Bravo j'ai faillit y croire ! Mais en voyant ma mère baisser les yeux, j'ai capté que non, c'était loin d'être une putain de blague. « Oh putain... ». J'ai commencé à marcher et à faire les cent pas. Puis je me suis arrêté et j'ai regardé ma mère, Alexandr, maman, ce débile, puis j'ai explosé. « Dis-moi que tu vas te faire avorté parce que... Putain avoir un gosse de ce porc c'est pire que tout ! J'te jure que je renierais c'te gosse bordel ! ». Ma mère n'avait pas l'air d'être contente, non pas vraiment, pas du tout. Alexandr voulut en placer une, mais ma mère le coupa. « Je ne crois pas que tu puisse dire ça avec tout ce que j'ai fait pour toi ! J'ai tout quitté pour t'élever, et maintenant j'aime un homme et tu refuses de faire des eff... » « T'as abandonné quoi pour m'élever ? Ta vie de pute ? ». C'est alors qu'elle s'avança et me gifla.J'en avais reçut des putain de coups, mais celui, il avait fait particulièrement mal, ouah vraiment. Mais pas physiquement, j'me sentais complètement paumé là. Ma mère avait une main devant sa bouche, comme si elle était encore plus choquée que moi. On est resté genre quelques secondes à se regarder avec des yeux ahurie tous les deux. Puis j'ai tourné les talons et je me suis barré de l'appartement, limite en courant.
J'avais l'impression qu'il faisait encore plus froid que d'habitude, peut-être parce que j'avais pas pris le temps de prendre ma veste chaude. J'avais juste sur moi mon sweet, et mes cheveux étaient encore mouillés. Je me suis perdu dans la ville, il fallaitjuste que je... marche. Je ne pouvais pas me rendre à la piscine, il était trop tard et la nuit était déjà tombé. Au fond de moi, je ne regrettais pas mes mots, parce qu'ils étaient vrais, je n'étais pas injuste envers ma mère, juste peut-être un peu trop possessif quoi. J'avais l'impression de tourné en rond, puis j'me suis perdu et je suis tombé sur ce drôle d'immeuble, un peu flippant. Il avait l'air d'être abandonné, mais on pouvait entendre un brouahaha dedans. J'ai toujours détesté les films d'horreurs et j'avais l'impression d'être le héros d'un de ses films en ce moment même, mais mes pieds me faisaient mal et je ne sentais plus aucun de mes membres. Je décidais d'entrer, voulant demander mon chemin à quelqu'un. Dans le hall d'entrer, il n'y avait pas grand monde, trois groupes de trois personnes, autour d'un petit feu ou enveloppé dans des couvertures, mais ce qui était le plus bizarre, c'était que ces gens, malgré le froid et la situation où ils se trouvaient, ils souriaient et rigolaient entre eux. Mal à l'aise, j'ai continué ma visite jusqu'à me retrouver dans une sorte de bar, sûrement l'ancien bar de l'hôtel. Il était pas très grand, mais mes yeux furent directement attiré par cette lueur, sa chaleur venait déjà me caresser la peau. Voyant un canapé devant la cheminée, sans personnes dessus, je m'y avançais mais j'aperçus très vite une personne, non assise sur le sofa, mais parterre contre le sofa.
Je suis resté planter là, comme un con. En faite je savais pas comment l'aborder, mais je me les gelais vraiment et je n'avais qu'une envie, m'asseoir devant ce feu. Puis elle a tourné ses yeux vers moi et a levé les sourcils, l'air de dire « tu fous quoi ? ». Je me suis avancé. « Excuse mais... J'ai super froid, j'peux squatter ? » « C'est l'intérêt d'un squat, de squatter non ? ». Elle avait dit ça comme si elle s'adressait à un débile. Je me suis assis contre le canapé, à quelque mètre d'elle. Elle était plutôt mignonne, pas la fille la plus belle que j'ai vu, mais plutôt jolie. Elle sortit une cigarette puis m'en proposa une, j'ai refusé. Je me réchauffais tranquillement, on ne parlait pas. Elle, elle fumait cigarette sur cigarette, toujours enveloppé dans sa couverture. « Tu t'appelles comment ? ». Elle avait sorti ça, sans prévenir, ça m'a presque fait sursauter ouah. « Hélios. » « Drôle de nom. » « Et toi ? » « Poppy » « Drôle de nom. ». Puis elle a ri et ellesc'est approché de moi, genre elle s'est même collé. « Excuse mais j'ai super froid, imagine pas que j'te fais des avances hein. » « Ouais, tranquille. ». Elle a posé sa tête sur mon épaule. « T'as quel âge ? » « 16 ans et toi ? » « 17. ». Elle était plus vieille, j'me sentais con, tu sais, d'être plus jeune. Puis un a parlé de tout et de rien. Elle m'a confié qu'elle avait fugué de chez elle, elle avait pas assez de fric pour se payer un loyer donc elle vivait ici, même si c'était rude. Elle était plutôt gentille, calme et tout.
Le matin, je me suis réveillé en sursaut, on s'était endormi bras dans les bras avec Poppy. J'allais partir, mais en la voyant, cette petite fille, toute mignonne, bah je devais lui laisser quelque chose. J'ai sorti tous l'argent que j'avais de mon portefeuille. Je lesai glissé dans sa poche puis je suis parti sans faire de bruit. Dans ma tête, tu sais, j'avais l'impression que tout ça, c'était pas réel.

« Tout ce que je sais, c’est que tous ceux dont j’ai parlé me manquent pour ainsi dire […] C’est drôle. Ne racontez jamais rien à personne. Si vous le faites, tout le monde se met à vous manquer. » 

Voilà en gros ma vie ! Bah maintenant j'ai 17 ans et j'ai une petite soeur, elle s'appelle Dunya. C'est moi qui ai choisis son prénom. Elle est toute petite et tout, vraiment mignonne, puis on s'entend bien, quand elle pleure et tout, je la prends dans les bras et elle arrête de pleurer. Avec ma mère, ça va beaucoup mieux, depuis ma fugue, elle a eu tellement peur qu'elle arrête pas de me dire qu'elle m'aime et que je lui ai sauvé la vie, enfin comme une mère dirait quoi. Puis avec Alexandr, bah en fait, il n'est pas si con. Un soir, je devais garder Dunya, j'me faisais chier, alors j'ai pris un livre au pif dans la bibliothèque de mon beau-père : L'attrape-coeur de J.D Salinger. J'ai lu se livre en à peine deux jours, j'ai adoré. Et puis un soir, pendant le dîner, j'en ai parlé et tout, ma mère m'a dit que ce n'était qu'un « vomit de mot », voilà ce qu'elle a dit ; mais Alexandr, lui il était pas d'accord, il a pris ma défense et tout. Depuis on parle beaucoup littérature et puis il est plutôt sympa en fait. Ah oui, on a déménagé aussi, genre dans une maison super classe et tout, j'ai bien où elle est située parce que, en faisant un petit détour pour aller au lycée, bah je passe par le squatte et voir Poppy. Ouais avec Poppy, bah on est bien pote. Le lendemain de la nuit passée avec elle, suis allé la revoir, elle m'a gueulé dessus en m'envoyant le fric que je lui avais passé, elle croyait que je la prenais pour une prostitué, puis je lui ai expliqué que non et tout, elle s'est excusé et m'a demandé si elle pouvait reprendre l'argent, elle m'a tué ce jour là ! On se voit souvent, c'est vraiment une fille superbe. Je l'ai jamais emmené chez moi, de peur qu'elle me prennepour un bourgeois quoi... Bref, en tout cas mon chien, bah il adore Poppy, ah oui ! Ma mère m'a offert un chien pour mes 17 ans, je rêvais d'un Saint-bernard depuis genre super longtemps ! J'en ai eu un, je l'ai appelé Holden, comme dans l'attrape-coeur. Enfin voilà, ça ne va pas trop mal pour moi, la piscine ça marche super bien, les cours ça va, enfin c'est la vie quoi.