Taking picture of you :

« Monsieur Bielinski, merci de bien vouloir vous asseoir et arrêtez de tripoter ce lustre comme un gamin maintenant, votre père cherche à vous ... » La phrase faisait l'effet d'une bombe dans ma tête lorsque le con en cravate devant moi parlait du paternel. Je lâchais la chose en faux cristal, avant de lui couper la parole comme le malpropre que j'étais, cherchant à me faire comprendre le plus rapidement possible, sérieusement, ce type croyait que j'étais un jambon ou quoi ? « Alors déjà, vous allez me parler meilleur, je suis pas votre copain, on a pas baisé de la femelle ensemble dans un grenier hein. Ensuite mon père, mon père cherche à me rendre plus ou moins normal, mais je le suis, sauf qu'avoir un look de clochard nuit à sa réputation comme il le dit si bien, c'est pourquoi je dois venir dans votre cabinet merdique, car il pense que j'ai un sérieux problème. » Je passe une main dans mes cheveux, calmant le jeu avant de poser mon cul dans une de ses chaises de bourge. Sans même son accord, mon pied venait se poser délicatement sur son bureau en massif, il faisait légèrement la gueule, mais ça je m'en contrefichais royalement. La main venant frotter avec une douceur appréciable mon petit nez, avant de déglutir, chose que je n'avais pas faite durant ma prise de parole en continue. Je regardais cet homme assit sur sa chaise, n'ayant qu'une envie, le baffer. Dans ma tête, il y avait une centaine de situations montrant à quel point je voulais l'exterminer. De la torture mentale à la torture physique, en passant par l'élimination direct grâce au bazooka, ou encore, a celle que je pensais justement maintenant, la longue et douloureuse sentence des claques dans la gueule. Au fond je ne le montrais pas, mais j'étais triste car mon père ne voulait pas d'un fils ayant cet image là, un loubard, voilà ce que j'étais pour lui, rien d'autre que le fiston du facteur, mais je faisais mine de m'en foutre totalement, c'était la seule chose qui marchait avec lui. Le mec relevait doucement ses lunettes avant de poursuivre sans prendre en compte ce que je lui dis, décidément, il est bien comme mon père cet enculé. « Parle moi un peu de toi, de ses dessins bizarres sur la peau, la signification de chacun d'entre eux. » Je laissais place à un petit sourire narquois, signe que j'allais faire chier tout le long de l'entretiens. En faite, la psychologie je trouve ça tellement à chier, que je me demande comment on fait pour en arriver là, faire un métier aussi à chier. J'imagine bien le mec se dire que plus tard, il écoutera les vies merdiques de ses patients, en cherchant des solutions plus stupides les unes que les autres. Je rigolais, ouais je lui riais au nez à cet enfoiré. J'en avais strictement rien à foutre et honnêtement si cette merde pouvait entretenir la liaison conflictuelle que j'entretenais avec le paternel, j'étais partant. Je me grattais machinalement la joue avant de répondre, avec une certaine ironie. « Moi c'est Charles Henry, j'aime la littérature, la vie en général, heu … j'aime les sciences aussi. Étant petit je me branlais énormément j'avais beaucoup de contact … surtout avec moi-même. Mes tatouages ? Une erreur de jeunesse surement m'sieur » Plus sérieusement, je n'allais rien lui dire. En vrai j'étais quelqu'un de souriant, qui aimait créer des liens avec les gens. Le genre de garçon riche, plein au as, mais qui garde la tête sur les épaules et sait rester simple sans profiter de l'argent qu'il possède. Montrer que je suis quelqu'un d'aisé était quelque chose que je détestais au plus haut point. En faite je préférais être clochard, ce sont des hommes humains, lorsqu'ils n'ont pas consommé de l'alcool bien entendu. J'étais également un grand rebelle. Faire chier le monde c'est important pour moi, pire qu'une habitude, plus grande qu'une religion. Me supporter c'est comme un laxatif ça te fait ultra chier. Je ne supportais pas l'autorité à vrai dire et c'est d'ailleurs pour ça que j'en fais un peu à ma tête, mais je n'étais pas quelqu'un de mauvais, à part ça. Souvent j'étais à côté de la plaque, un brin rêveur, regardant le ciel durant parfois quatre heures de temps. L'art c'était mon domaine. Je voulais devenir tatoueur ou percer dans la musique, ou bien pourquoi pas les deux, ça pourrait être plus que parfait. Je tapais sur la tête du vieil homme, comme si il était un chien avant de saisir ma veste de ma main tatouée, avant d'aller prendre la porte pour me diriger dans le sens de la sortie. Encore un sbire de mon père qui avait échoué, je priais sincèrement pour lui, lorsqu'il l'apprendra plus tard dans la journée.

The pursuit of happiness :

Même avant d'arriver au monde, je faisais déjà chier. Pendant neuf mois, j'ai pas arrêter de vivre tel un parasite dans le ventre de ma mère, envoyant parfois quelques coups, une misère qu'elle avait de plus en plus de mal à supporter quelques semaines avant l'accouchement. Alors que mon père allait décrocher un contrat soit disant en or en Russie, plus précisément à Saint-Pétersbourg, elle avait tout simplement accompagnée son mari, afin de bien fêter ça, si jamais il l'avait, chose qui n'était pas arrivée depuis presque cinq ans. Mon père était un homme ambitieux, mais malheureusement très borné. Il pensait qu'être artiste était une chose très simple, mais ce n'était pas le cas. Il avait du talent, mais pour le moment, il n'arrivait pas à percer, ce qui commençait sérieusement à agacer ma mère. Il ne travaillait pas, espérant vivre de sa musique, de son art. Il pouvait se le permettre bien avant mon arrivée, avec un seul enfant à charge. C'est en étant dans le taxi, en direction d'un gros contrat, que j'ai décidé de sortir. J'étais pas vraiment le bienvenue, mais bon c'est la vie. Pendant que le conducteur prenait le chemin de l'hôpital le plus proche, le paternel décida de quitter le pot de yaourt en acier afin d'aller au plus vite, signer son contrat. Il loupa ma naissance, comme il loupa son contrat. C'est à ce moment là que tu as envie de dire « Et bah c'est balo, bien fait pour ta gueule. » J'aime bien mon père, mais à l'époque c'était un peu un toquard sur les bords. Dans le genre je viens couper le cordon et je m'évanouis, c'était le meilleur. Difficile de faire pire. Car généralement, un mec normal tombe bien, sans blessure ni rien. Bah lui il a trouvé le moyen de se prendre un coin de table en plein gueule. Résultat, il est resté avec ma mère et moi à l'hôpital, plus longtemps que prévu. Après cette semaine passé ici, nous sommes restés en Russie.


J'ai grandis en Russie, mais ce n'était pas de belles années. Papa galérait pour trouver du travail et mettait peu à peu ses rêves de côtés pour remplir le frigo à la fin du mois. Quant à moi, j'essayais d'être premier à chaque fois, pour faire sa fierté. Ma sœur avait aujourd'hui dix ans et elle n'aimait guère notre façon de vivre. Moi j'avais été élevé différemment d'elle. Ma mère était du genre fausse bourgeoise qui pétait plus haut que son cul, mais qui n'avait rien. Mon père ne m'a pas donné l'amour d'une mère, mais il a fait le maximum pour que je survive et que je sois présentable à l'école. De mon côté je faisais tout pour qu'il soit fier de moi. A l'école, j'étais plutôt distant avec les autres élèves. Je n'avais pas d'amis, j'avais beaucoup de mal à faire le premier pas, car j'étais terriblement timide et un manque de confiance envers les autres troublant. Beaucoup d'entre eux se plaisaient à me dire que je n'étais qu'un lèche botte, qu'un moins que rien et un intellectuel inutile. Mais honnêtement, je l'ai emmerdais tous un par un. En faite, j'inspirais pas vraiment le respect, mais si je voulais, je pouvais réellement abuser de ma force pour chercher à en gagner. Mais ceci allait contre mes principes. De ma propre expérience, je pense que les mots blessent plus que les poings, en d'autres termes, la force c'est la puissance des faibles. A l'époque, durant la primaire, j'avais quelques jeunes demoiselles qui m'envoyaient des mots d'amour, mais je ne savais pas réellement ce que c'était. Je cherchais plus ou moins à comprendre, mais sans plus. Je n'étais pas réellement intéressé par cela, chose normale, lorsqu'on a que 10 ans. C'est lorsque je suis entrée au collège, ma mère venait de décéder. Une chose tragique qui me détruisait jour après jour à petit feu. Elle venait d'être vaincue par la maladie qui l’assombrissait petit à petit dans le néant le plus total. C'est justement à ce moment précis que mon père composa une chanson inspirée de cette tragédie, qu'il a eu du succès. Un mal pour un bien. Je n'y crois pas trop, mais je voyais le bon côté des choses, j'allais enfin vivre dans le luxe. C'est en voyant un véritable billet de banque d'une énorme somme entre mes mains, que j'ai finalement compris que ma vie prenait aujourd'hui un tournant décisif. Même si pour moi l'argent est loin d'être une chose utile dans la vie, c'est pourquoi je m'en vante que très rarement.

 Je me souviens encore, quand maman est partit. J'ai demandé pourquoi, on m'a répondu c'est la vie. Elle a préférée quittée le monde des vivants afin de choisir le repos et l'éternité, je ne peux rien y faire. Je me souviens encore au collège lorsque les enseignants, chaque année, demandait ce que faisait ma mère et que les autres se moquaient quand je ne répondais pas, ou que je baissais la tête, avec un sentiment de tristesse et de mal être. C'est d'ailleurs à ce moment là que mon père à totalement changé. En faite, il ne pensait qu'à la célébrité, qu'à la richesse. Alors j'imagine encore sa tronche de cake lorsque j'ai arrêté le lycée une année, afin de voyager tranquillement et que je suis revenu tatouer sur une bonne partie du corps. Il a préféré me payer un appartement à côté de chez lui plutôt que je réside dans sa maison. Tout simplement parce que je ne m'adaptais pas à la manière de vivre de monsieur. Enfin bon. Il pensait sans doute que j'allais plier sous ses menaces et sa cruauté, mais je ne répondais pas. J'ai finalement repris le lycée, avant d'obtenir mon bac et de devenir un branleur, puis un étudiant. La relation que j'entretiens avec mon père est une vaste péninsule de problème Ma vie est loin d'être la bande originale des aventures d'Ulysse, mais je ne m'en plains pas, en faite je m'aime comme je suis, ce n'est pas une question de narcissisme ni rien, juste une pensée qui me faisait remarquer que j'étais unique dans mon genre et que personne ne pouvait m'égaler. Un mec simple d'accès, sans prise de tête. C'est peu de temps après le changement de comportement de mon père que j'ai commencé à consommé de la drogue, seulement des substances à fumer, rien d'autre, afin de me réfugier dans quelque chose qui pouvait me permettre de masquer ma douleur et de la rendre transparente durant quelques heures. Car au fond je suis déçu du comportement du paternel, moi qui pensait que lui consacrer le soutien d'un fils, était la plus belle chose au monde, comme quoi, tenter un saut dangereux au pied du mur est un pari plus que risqué dans le monde et la société dans laquelle nous vivons actuellement.